Le sureau 3/3 : Utilisations

Baies de sureau
Baies de sureau (H. Zell)

Le sureau est fébrifuge, diurétique et laxatif.

On utilise :

  • Les baies contre la constipation et les névralgies
  • La seconde écorce, contre le rhumatisme, la goutte, les lithiase urinaire. Son action contre la grippe est aujourd’hui reconnue.
  • Les fleurs, contre le rhume, la bronchite, l’asthme, la fièvre éruptive des rougeoles et des scarlatines, les affections oculaire, les affections rénales, les cystites, la tuberculose, les dermatose ou les furoncles
  • Les feuilles ont plutôt un usage externe: contre les hémorroïdes ou contre les brûlures

L’OMS déconseille l’usage des fleurs de sureau chez les femmes enceintes, chez celles qui allaitent et chez les jeunes enfants en raison de l’insuffisance de preuves quant à leur innocuité.

La plante ne doit pas être consommée crue.

Les seuls effets secondaires qui sont rapportés sont des troubles intestinaux passagers.

Théoriquement, les effets du sureau pourraient s’ajouter à ceux des plantes, des suppléments ou des médicaments qui ont une action diurétique, décongestionnant ou anti-inflammatoire. Il pourrait également être utilisé contrer les effets des immunodépresseurs.

En cuisine, il est appelé vanille du pauvre et entre dans de nombreuses préparations comme condiment. Certains usages culinaires ont été oubliés. Dioscoride parle de l’utilisation des germes et des tendrons cuits, mais cet usage demande une cuisson approprié afin d’éviter les effets purgatifs de ceux-ci.

Apicius, célèbre gastronome romain recommande les baies de sureau pour préparer un plat relevé qui contient aussi du vin, du poivre, de la saumure de poisson, de l’huile, des raisins sec et des œufs. Pline, lui, conseille sa consommation à des fins médicamenteuses, je cite: «les jeunes pousses du sureau tendres, cuites en plat, relâchent le ventre […] on mange à l’huile et au sel les plus molles pour évacuer la pituite et la bile.»

La conservation des fruits est délicate, il convient de les cuisiner dans les 24h qui suivent la cueillette. En revanche, la congélation lui réussi bien. Lors de l’utilisation des fleurs, bien équeuter car les parties vertes de la plante sont émétiques et purgatives.

Quelques recettes à refaire chez soi

Limonade de sureau

Il faut : Pour 5l d’eau, 5 corymbes de fleurs sèches, 1 citron entier, 450g de sucre, ½ verre de vinaigre
Diluer le sucre dans l’eau, mettre l’ensemble de tous les ingrédients dans une jarre, si possible en grès. Protéger d’une étamine et exposer au soleil pendant 3 jours avant de filtrer et de mettre en bouteilles. La limonade est bonne à boire tout de suite, mais elle se bonifie en vieillissant. On peut la conserver un an dans une cave fraîche.

Sirop de sureau

Sirop de sureau

Sirop de baies

Prendre : Pour 1,5l de sirop, 3kg de fruits, du sucre.

Faire cuire à feu doux les baies jusqu’à ce qu’elles éclatent. Remuer souvent. Laisser refroidir, puis presser et filtrer  pour extraire tout le jus. Ajouter la moitié de son poids de sucre, porter 5 min. à ébullition douce. Écumer et filtrer de nouveau avant la mise en bouteilles. Stériliser, ce sirop se conserve de longs mois.

Servir frais.

Au jardin

Un tas de compost placé au pied d’un sureau verra sa maturation accélérée. On  peut aussi ajouter des feuilles de sureau au compost ce qui aura le même effet. L’humus qui se trouve au pied du sureau est propice au développement des lombrics.

Aimé des oiseaux, planté au bord d’un potager il protège des insectes ravageurs, des chenilles et autres larves. De plus il entre dans les haies qui coupent le vent sur les cultures.

Le purin de feuilles de sureau est un bon répulsif qui éloigne les mulots et les campagnols. Une étude britannique, montre que la décoction de sureau serait efficace contre le mildiou du rosier et la maladie de la tache noire.

Voici une recette de décoction de sureau noir pour un usage ménager ou jardinier:

  • Faire bouillir durant ½ heure 500g de feuilles fraîches et de tiges ajoutées dans 3l ½ d’eau.
  • Compenser l’évaporation par ajout régulier d’eau.
  • Conserver dans des bouteilles bien bouchées durant 3 mois.
  • Utiliser la décoction à froid et non diluée.

En soins vétérinaires

En Béarn, le Bohecul est un tube de sureau évidé qui sert à provoquer la monté de lait chez les vaches récalcitrantes. Introduire le Bohecul dans le vagin de l’animal et souffler énergiquement. Le procédé s’explique par un phénomène physiologique: la pression exercée sur la paroi vaginale déclenche la montée de lait.

Il est utilisé en cas de météorisation. Pour les cas bénin, on fait roter la vache en introduisant dans la bouche de l’animal, perpendiculairement à la langue, une branche verte de sureau, et ce, jusqu’à la commissure des lèvres. Vous obligez l’animal à mâcher, la mastication reprend, de plus, il semblerait que les saponides contenus dans l’écorce verte se combinent avec les gaz pour donner une molécule non gazeuse.

Pour les cas grave: on en fabrique un trocart. L’intervention doit être rapide, il faut percer la panse avec un couteau, puis mettre dans le trou un petit bout de sureau creux. Le dégonflement est immédiat.

Le suc des baies est laxatif chez le chien à la dose de 6 à 10g et de purgatif à la dose de 40 à 50g.

En teinture

Pour terminer, je vais vous parler de propriétés tinctoriales du sureau. Pour l’écriture : les baies produisent de l’encre dont la couleur varie du bleu au violet selon les recettes. Pour faire de l’encre, il faut broyer les baies dans l’eau puis les laisser macérer pendant une journée afin que les fruits dégorgent. Pendant la macération, adjoindre deux sachets de thé. Le thé est riche en tanin et ce dernier fixe très bien les couleurs. Filtrer la décoction et la faire réduire en la faisant bouillir. Ajouter de l’alun réduit en poudre et de la gomme arabique finement broyée. Mélanger et recommencer à faire réduire pour que le liquide soit très concentré.

Le jus de baies est un excellent colorant alimentaire. En France, la majeure partie de la production est destinée à l’élaboration de colorant pour l’industrie agro-alimentaire. Cette encre sert à l’estampillage pour identifier les quartiers de viande en boucherie.

En colorant textile: L’ensemble de la plante peut-être utilisée, mais c’est surtout les baies qui sont utilisées. Un fragment de tissus de lin broché, teinté en bleu, brun, rouge et jaune, a été retrouvé lors des fouilles de la cité lacustre néolithique d’Irgenhaussen. Le ton bleu de ce tissu a été obtenu avec des fruits de sureau. Plus tard, les Gaulois utilisent ces mêmes fruits pour teindre leurs étoffes en bleu et en mauve. Toutes les parties de la plante possédant des tanins et des mordants naturels en quantité non négligeable, il est aisé de comprendre le parti que l’on pu en tirer.

Baies de sureau

Baies de sureau (Brian Robert Marshall)

Les principes tinctoriaux contenus dans le sureau sont nombreux, les fruits contiennent en abondance des chrysanthémosides et des sambucyanosides; les feuilles, des rutosides et des isquercitocides (flavonols).

Avec les baies, on obtient  des mauves, violets, gris bleu, bleus ardoise ou lavande selon le mordançage utilisé.

Voici la recette de la teinture avec les baies de sureau:

  • Écraser 2Kg de fruits dans la bassine de teinture.
  • Ajouter 8l d’eau et 2 verres de jus de citron.
  • Laisser macérer 12h.
  • Ajouter les fibres mordancées et mouillées, puis chauffer à feu doux jusqu’à 90°.
  • Laisser refroidir dans le bain.
  • Rincer à l’eau froide et laisser sécher à l’ombre.

Les feuilles, les fleurs et les brindilles donnent, sur la laine mordancées à l’alun, au chrome ou au cuivre, des tons allant du jaune citron au jaune doré et au vert. Ces couleurs sont résistantes au lavage, mais s’affadissent après un passage prolongé au soleil.

La recette de teinture avec les fleurs:

  • Laisser macérer les fleurs 1h dans l’eau, porter à ébullition 30 à 45 min.
  • Filtrer le liquide et y dissoudre l’alun (2 à 10g pur 100g de fibre sèche).